Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/214

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Et pourtant, ce ne sont pas des invalides qui se présentent, ce sont des hommes dont le talent fait l’honneur de la France. D’où vient que leur réunion ne produit rien de grave, et que, de la fusion de ces intelligences ne résultent que de stériles travaux sur la langue, laquelle va son train, se moque des dictionnaires et progresse ou se pervertit quand même, sûre de les entraîner un jour ou l’autre ?

C’est qu’apparemment il n’y a point d’idée mère qui relie chacun de ces talents à tous les autres. C’est que la littérature, considérée seulement comme la forme de la pensée ne peut pas être une étude qui passionne des hommes intelligents. C’est que la vie n’est pas dans cette institution. C’est que ses statuts même sont inféconds et se ressentent trop du passé. Une époque vivante et croyante saurait les rajeunir. Une foi politique et religieuse serait l’âme d’une assemblée d’hommes supérieurs. Elle y attirerait tous ceux qui le sont, elle en repousserait tous ceux qui ne le sont pas. Elle réagirait, par le sentiment et les idées, sur ces formes académiques, dont la qualification proverbiale est le synonyme d’inutile et de compassé. Elle rendrait les discussions sincères, animées, instructives, profitables, et ce serait là l’enseignement de tous les artistes, de tous les poètes, de tous les écrivains, du public par contre-coup, c’est-à-dire du peuple, et le peuple apprendrait la langue française, du moment que la langue représenterait autre chose que le culte des mots.

En attendant, on peut s’écrier, à la lecture ou à l’audition de la plupart de ces beaux discours : words, words, words !

M. Sainte-Beuve a fait un lourde force en prononçant un discours plein de charme et d’intérêt. Il fallait