Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/246

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pique pas de l’être. Il parle bien, parce qu’il pense bien, parce qu’il sent vivement. J’ai peu rencontré d’âmes aussi sympathiques et aussi tendrement dévouées à l’humanité que la sienne, et je mets en fait que quiconque l’écoutera attentivement, même avec des préventions contre l’homme et sa race, sera vaincu par sa douceur et pénétré de sa sincérité. C’est que Gilland est l’homme de son langage, le fidèle observateur des vertus qu’il enseigne. Il n’existe pas de cœur plus pur. Voilà ce qu’avant tout, je voulais dire à ses frères. Son petit livre prouvera qu’il y a en lui de l’intelligence, du talent et de véritables instincts poétiques ; mais il n’est point de ceux en qui l’on peut séparer le talent de l’homme. Non, Dieu merci, l’intelligence de cet homme-là c’est une belle âme, un esprit qui voit clair parce qu’il cherche la lumière en Dieu, un cœur ouvert à tous et qui se manifeste avec chaleur et simplicité par la parole, par les chants, par le travail des bras, par le style, par le dévouement, par l’amitié, par l’amour de la famille, par toutes les faces de son existence.

Lorsqu’un littérateur de la classe aisée jette son premier livre au public, c’est parfois sous le voile de l’anonyme ou du pseudonyme. Dans tous les cas, c’est toujours avec une certaine méfiance de soi ou du public. La modestie et la vanité trouvent également leur compte à présenter l’œuvre en cachant la personne de l’auteur. Tantôt c’est une mystérieuse coquetterie, tantôt c’est une crainte excessive de la critique, tantôt, enfin, c’est quelque motif plus sérieux tiré d’une situation particulière qui commande la réserve.

En général, il est réputé de mauvais goût, dans les mœurs littéraires du beau monde, de parler de soi, et