Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/263

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fidèle de l’esclave de la comédie antique. Il vient en aide au fils dissolu qui trompe et vole son père ; il se tire des plus mauvais pas à force d’effronterie et de mensonge. C’est le Dave de la comédie de Plante et de Térence, emprunté lui-même du théâtre de la Grèce, dont les Romains ne furent que les imitateurs.

L’étude des divers types de la comédie italienne, de leurs nombreuses transformations, des idées et des sentiments qu’ils représentent, serait certainement la partie la plus intéressante d’une bonne histoire de la comédie italienne. Mon dessein n’est pas de tenter, pour aujourd’hui, une tâche aussi difficile. J’en ai dit assez pour faire comprendre au lecteur combien des caractères qui s’étaient ainsi formés par le travail lent et sûr d-’une longue suite de générations, devaient être parfaits, nettement accusés, et quel effet ils étaient susceptibles de produire quand ils étaient maniés par de grands acteurs.

Or, les grands acteurs ne manquaient point à la comédie italienne. On sait que, dans les pièces jouées au théâtre italien, l’auteur n’avait à fournir qu’une intrigue, l’ordre dans lequel les scènes devaient se succéder, et l’indication succincte de ce que les personnages avaient à se dire. Les acteurs se chargeaient du reste. On conçoit aisément qu’un pareil système de composition exigeait d’excellents comédiens et contribuait singulièrement au développement de leurs facultés dramatiques. Quelle verve, quelle connaissance de la scène, quelle présence d’esprit ne fallait-il pas pour n’être ni plat, ni exagéré, pour amuser le public de mots piquants placés à propos, pour s’abandonner librement à tous les caprices de l’esprit, sans sortir de la situation, sans nuire au développement de l’in-