Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/306

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tire à travers toutes les vicissitudes de l’histoire politique et religieuse, sans que personne se préoccupât d’en transmettre le texte d’un siècle à l’autre, soit que l’on se fiât à l’éternelle tradition des choses gaies, soit que la riche Italie se fût dit, une fois pour toutes, que, chez elle, ce fonds-là ne tarirait jamais. Mais s’il est certain que rien ne s’épuise, il est évident aussi que tout s’use ; les transformations deviennent parfois des créations nouvelles, si complètes en apparence, qu’on serait tenté de les croire isolées les unes des autres. Il n’en est pourtant rien, et toute étude conduit à se convaincre que rien n’est absolument nouveau sous le soleil.

L’Italie classique a été remuée de fond en comble. Elle le sera encore, elle le sera toujours, son passé est inépuisable en monuments sublimes ou charmants. Mais on s’est moins attaché à fouiller méthodiquement son côté burlesque, et les documents au moyen desquels on peut en reconstruire la raison d’être sont rares et difficiles à rassembler. Il y avait donc là une lacune dans les travaux de notre siècle, siècle de classement, de compilation si l’on veut. La compilation intelligente est une œuvre toute moderne, et le fond même de la vraie critique.

L’histoire de la commedia dell’ arte[1], c’est-à-dire de l’improvisation théâtrale, n’appartient pas seulement à l’histoire de l’art ; elle appartient surtout à celle de la psychologie de doux nations : l’Italie où elle a pris naissance, et la France qui l’a reçue et qui, après s’être divertie de ses types, s’en est approprié plusieurs, on a créé de nouveaux, et en a fait à son tour l’expression des grâces et des ridicules, des pas-

  1. On écrivait aussi Comedia ancienne orthographe.