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XXV

LETTRE SUR SALAMMBO


Oui, mon cher ami, j’aime Salammbô, parce que j’aime les tentatives et parce que… j’aime Salammbô. J’aime qu’un écrivain, lorsqu’il n’est pas forcé par les circonstances ou entraîné par son activité à produire sans relâche, mette des années à faire une étude approfondie d’un sujet difficile, et le mène à bien sans se demander si le succès couronnera ses efforts. Rien n’est moins fait pour caresser les habitudes d’esprit des gens du monde, des gens superficiels, des gens pressés, des insouciants en un mot, c’est-à-dire de la majorité des lecteurs, que le sujet de Salammbô. L’homme qui a conçu et achevé la chose a toutes les aspirations et toutes les ferveurs d’un grand artiste.

En a-t-il la puissance ? Oui, je trouve ; je ne fais pas métier de juger, mais j’ai le droit de trouver, et je dis oui, cela est étrange et magnifique, c’est plein de ténèbres et d’éclats. Ce n’est dans le genre et sous