Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/330

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aujourd’hui avec désintéressement sur d’autres têtes.

Analysons ensuite en peu de mots la séance imaginaire où madame ***, appelée par un vote unanime de l’illustre corps, accepte avec une dignité modeste la situation sans précédent qui lui est offerte. Elle remercie ses nouveaux confrères au nom du progrès que son élection signale dans les mœurs de son temps et que l’Académie de son temps est jalouse de servir et de proclamer.

M. ***, prenant la parole, déclare « que, plus heureusement inspirée qu’elle ne le fut en d’autres temps où, dominée par de fâcheux préjugés et d’injustes préventions, elle commit la faute de repousser de son sein de puissantes renommées, l’Académie, cette fois, n’a pas voulu s’exposer de nouveau à d’éternels regrets, » et qu’elle a rompu, en faveur des femmes, une tradition séculaire fondée sur un préjugé désormais évanoui.

Après avoir rappelé comme quoi, à l’époque de sa fondation, l’Académie, fort embarrassée de compléter son nombre voulu de quarante immortels, fut forcée de prendre, « pour décoration de son sanctuaire, » les grands seigneurs dont chaque homme de lettres était alors plus ou moins l’obligé, M. *** déplore l’article de loi porté par le vieux Chapelain contre l’admission des femmes. Il rappelle la sérieuse et bienfaisante influence de l’hôtel de Rambouillet. « Tous, dit-il en parlant des plus illustres écrivains du grand siècle, doivent quelque chose à cette société de femmes célèbres, la délicatesse de l’expression, la noblesse et la pureté des sentiments, la passion du beau, de l’idéal, de l’héroïsme. »

Après avoir nommé mademoiselle de Scudéry, mes-