Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


III

OBERMANN PAR E.-P. DE SENANCOUR


Si le récit des guerres, des entreprises et des passions des hommes a de tout temps possédé le privilège de captiver l’attention du plus grand nombre, si le côté épique de toute littérature est encore aujourd’hui le côté le plus populaire, il n’en est pas moins avéré, pour les âmes profondes et rêveuses ou pour les intelligences délicates et attentives, que les poëmes les plus importants et les plus précieux sont ceux qui nous révèlent les intimes souffrances de l’âme humaine dégagées de l’éclat et de la variété des événements extérieurs. Ces rares et austères productions ont peut-être une importance plus grande que les faits mêmes de l’histoire pour l’étude de la psychologie au travers du mouvement des siècles ; car elles pourraient, en nous éclairant sur l’état moral et intellec-