Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/350

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nées très-vagues du Vicaire savoyard, de J.-J. Rousseau, programme aujourd’hui dépassé ; — que cette philosophie est très-jolie, mais qu’elle manque absolument de casuistique ; — qu’un curé de village occupé à sauver vingt âmes de paysans est bien préférable ; — que la raison ne peut plus souffrir le joug des doctrines oppressives du passé ; — que toute doctrine a du bon, et qu’il faut être juste envers tout le monde.

Autant que j’ai pu comprendre les nombreuses contradictions de cet article, je crois voir que l’auteur ne se soucie absolument d’aucune religion et d’aucune philosophie ; qu’il voudrait à la fois renouer et conserver ; que son sentiment est catholique, mais que sa raison est progressiste ; qu’il considère Rousseau comme un petit garçon, mais que l’éclectisme et la tolérance lui semblent plus commodes que l’examen.

C’est une manière de voir comme une autre. Nous sommes bien d’avis qu’il y a du bon dans tout : mais il n’y en a pas du tout dans le mauvais coté des meilleures choses, et mettre ouvertement toutes les opinions au même plan sans en défendre aucune ouvertement me paraît une maxime de casuistique poussée à l’excès. La tolérance éclectique a sa valeur, sans aucun doute, mais il y a manière de l’entendre, et nous nous expliquerons tout à l’heure sur ce qu’elle doit être pour devenir une vertu, c’est-à-dire un effort fraternel vers l’union, et non une habitude d’indifférence au profit du néant.

Heureusement, cette indifférence de certains esprits n’est qu’un détail dans le fort courant d’idées qui pousse le siècle, et l’ouvrage dont nous voulons rendre compte, le roman de Madelon, n’appartient pas à cette catégorie d’idées négatives.