Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/358

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seignement religieux qu’autant qu’il favorisera les aspirations légitimes de la raison.

Ceci nous mène loin, grâce au ciel ! Je ne sais si le ministre a prévu le moment de choc terrible où la raison publique et la religion officielle se trouveront libres en face l’une de l’autre et voudront poser l’impossible limite de leurs droits respectifs ! N’importe, il faut marcher, l’impossible absolu, c’est de s’arrêter quelque part.

Si excellents qu’ils puissent être, les ministres n’ont jamais la prétention d’être des dieux. Ils savent bien que c’est à la conscience publique de les aider en les éclairant sur ses véritables besoins. Notre époque, encore indécise, doit à présent s’exprimer par toutes ses voix, dans les sciences comme dans les arts. Il n’est plus permis de dire : Que sais-je ? il n’est pas possible de dire : Attendons ! Il s’agit pour le xixe siècle d’arriver à une solution philosophique, comme il s’est agi pour le xviiie d’arriver à une solution sociale. La majorité veut arrêter cette solution du passé à l’époque mémorable de 89. On n’arrête pas les solutions, à moins de supposer qu’elles sont applicables à une sorte de genre humain sans développement continu, et nous ne connaissons point ce genre-là. Mais passons ! Il s’agit d’arriver à notre 89 philosophique et religieux et de savoir si une majorité se prononcera pour l’accord ou pour la séparation de ces deux méthodes intellectuelles que le pouvoir se flatte aujourd’hui d’amener à une entente cordiale : la raison, la foi.

Nous n’apportons pas ici notre solution personnelle ; ce n’est pas pour parler de nous que nous avons pris la plume ; c’est pour rendre compte de la tendance