Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/361

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ont besoin, pour croire en elle, de la voir triomphante ou récompensée, ne sont pas dignes de la comprendre.

Sans doute voilà ce qu’il nous dirait, et ce serait bien dit ! Nous voyons de reste qu’il croit au bien puisqu’il fustige si énergiquement le mal ; mais nous pensons qu’il ne croit qu’à la morale, qu’il nie la providence, et qu’il ne voit poindre dans l’avenir aucune sorte de théosophie que la raison puisse jamais accepter.

Nous qui pensons autrement, nous ne lui ferons pourtant pas la guerre ; nous n’imiterons pas certain public enfiévré, oublieux des immenses services rendus par M. About à la cause de la liberté de conscience. Nous savons d’ailleurs que le public d’un jour s’éclaire et se retrempe vite dans la conscience générale. De grandes réparations sont donc réservées, nous n’en doutons pas, à M. About. Sans devancer l’heure que sa puissance littéraire et sa passion pour la liberté sauront bien amener sans le secours de personne, nous sommes contents de n’avoir pas à le compter parmi les indifférents à la cause du progrès. S’il n’est pas entré dans cette voie muni de toutes les armes que nous croyons nécessaires, du moins celles qu’il a sont si brillantes, si bien éprouvées, et il les manie si bien, que ce serait grand dommage de le laisser s’exposer tout seul à l’ennemi commun.

Qu’il soit donc séparatiste si c’est son opinion ! Un si beau talent ne peut jamais être inutile, et puisque nous voici quitte envers lui de ce que la critique lui devait, disons sur le séparatisme en général ce qui nous reste à dire. Sans doute l’idéal intellectuel serait d’arriver à concilier toutes les inspirations divines du