Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/363

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remettant les symboles à leur place, nous en saisirons le vrai sens et pourrons nous dire parfaitement religieux sans cesser d’être parfaitement raisonnables.

Mais, en attendant ce jour-là, que ferons-nous vis-à-vis de toutes les offres de vérité définitive qui circulent sur la place ? Chacun prétend nous fournir le dernier mot de la sagesse, et pourtant nous sommes très-peu sages. Nous rejetons sans examen tout ce qui nous vient des autres et ne croyons qu’en nous. Soyons moins absolus et surtout moins prompts à repousser ce qui ne répond d’emblée à notre idéal intérieur. Si nous ne croyons qu’à la morale, ne raillons pas ceux qui regardent comme incomplet l’homme qui ne se sent pas en rapport avec l’éternelle conscience de l’univers. Si, au contraire, nous sentons ce rapport avec Dieu, qui constitue à lui seul, quoi qu’on en dise, une théosophie sérieuse, ne condamnons pas ceux qui, encore inattentifs à ce rapport, se croient ou se prétendent théophobes. Cette divergence n’est pas réelle au fond. Paris du même point, qui est l’amour du vrai et la recherche du bien, ceux qui se sentent aidés par la Providence et ceux qui la nient ne peuvent manquer de se rencontrer un jour au but.

Mais si cela n’arrivait pas ? diront les pessimistes. — Si cela ne doit point arriver, si le monde doit persister à scinder ses croyances, c’est une raison de plus pour nous arranger fraternellement en ce monde d’aujourd’hui. Si l’accord des quatre termes qui, selon nous, constituent l’homme complet : morale et liberté, philosophie et théosophie, est à jamais impossible, associons-nous dans l’universelle Église de la fraternelle tolérance. S’il en est parmi nous qui rejettent un de ces quatre termes, ne le querellons pas : les trois