Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/394

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d’Orient sous la pression d’un prince absolu. La corruption règne sur ce monde gorgé d’or, et son roi Satourann est le type de la ruse et de la cruauté. Hemla est la fille unique de ce roi des rois. Elle a seule survécu aux quatorze enfants nés du mariage de Satourann et de Bahavani. Pour préserver ses jours, sa mère l’a fait sacrer ziris, c’est-à-dire euménide, vouée au culte du feu. Par ce vœu, Hemla est fiancée au redoutable Ptah, le dieu des feux souterrains, qui réside dans le temple Atanor, merveilleux édifice bâti ou plutôt forgé par les cyclopes du roi sur le cratère même du volcan, au centre de l’opulente cité de Sisparis, capitale de l’Atlantide. Ptah, malgré ses rugissements et ses flammes, est adoré comme une divinité secourable, dont la lueur entretient, en l’absence du soleil, l’éternité du jour sur l’heureuse ville des Atlantes.

Cependant la politique de Satourann s’accorde mal avec le célibat imposé à sa fille. Dès que la reine est morte, il déclare à la ziris qu’elle ait à faire choix d’un époux parmi les plus puissants rois ses alliés. De grandes fêtes sont ordonnées, tous les chefs des nations environnantes y sont conviés. Les prétendants arrivent au milieu de bizarres splendeurs. L’un offre à la ziris cent coursiers anoplothères, portant chacun un collier d’or ; un autre cent mammouths à longs poils, montés par des sagittaires qui sèment l’épouvante ; un troisième croit lui plaire en lui montrant ses cent concubines couronnées de fleurs.

Mais un autre a touché le cœur d’Hemla, c’est le Gète aux cheveux roux, Némeith le monothéiste, le preux, le chevalier des temps primitifs, celui qui ne possède rien que la confiance et l’amour de sa tribu, et qui, pour tout luxe, a planté sur la table du festin