Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/402

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du vieux monde et releva au pays d’Our la ville d’Asgard où avait régné Arhimaz. »

On voit par ces fragments avec quelle simplicité de formes l’auteur raconte ce drame immense. La vision terrifiante d’un monde qui s’écroule gagne, selon nous, à n’être pas chargée de détails et d’épithètes. Où Psammos, écrivain de la décadence, a-t-il puisé ce mélange d’élégance grecque et de sobriété biblique ? Dans les traditions recueillies chez les barbares ou dans la fréquentation des pâtres de la Chaldée ? Je l’ignore, mais il me semble qu’il a dû lire souvent aussi le ferme et pur récit des prêtres de Saïs rapporté par Platon. À cette salutaire étude de la forme antique, l’auteur a joint adroitement, et sans qu’on sente l’intrusion, les qualités de l’art moderne, l’habileté de composition, la rapidité des événements, l’heureuse influence du sentiment de la peinture sur le procédé descriptif.

Nous avons suivi la ligne principale du roman ; à cette arête se rattachent les ramifications de nombreuses aventures, et une foule de personnages indiqués avec une grande fermeté de main. Une figure neuve, horrible et charmante est celle d’Ized, l’Atalante qui remporte tous les prix dans les jeux publics, et qui a été vaincue à la course par le coq de la Gétie. Ized vit avec les péris qui, au pays allante, ne sont nullement méprisées ; mais elle vit chaste, fière et triste. Elle vide d’un trait les larges coupes de vin et reste impassible et froide. Quel secret amer cache donc sa douleur ? Il semble qu’elle aime Némeith ; mais elle aime aussi la belle et douce Hanaïd, dont elle a voulu être la servante et qu’elle fait périr dans un accès de fureur et de désespoir. Elle l’ensevelit et fuit en déro-