Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/423

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nous savons qu’il a des cordes qui n’attendent qu’un souffle d’encouragement pour vibrer.

Je remercie tous ces bons artistes ici, comme je ferais dans une préface.

La mise en scène est splendide ; les meubles, de vrais meubles du temps ont été trouvés et choisis avec le goût d’un artiste et la science d’un antiquaire ; les costumes sont d’une beauté et d’une exactitude qui font plaisir aux peintres.

Je pensais n’avoir à parler que de Bocage, de Lafont par conséquent. J’ai fait innocemment ma réclame, on me la pardonnera. J’aime les comédiens ; cela scandalise pourtant quelques esprits austères. On m’a reproché aussi d’aimer les paysans. Ce sont deux travers dont je ne rougis pas et que j’ai le droit de me permettre.

Je les connais bien ; j’ai passé ma vie avec eux, et je les ai dépeints comme je les ai vus. Les uns nous donnent, au grand soleil, le pain du corps ; les autres, à la lueur du gaz, nous donnent le pain quotidien de la fiction, si nécessaire à l’esprit inquiet et troublé par la réalité. Parmi ces derniers, il y a de grands et nobles caractères qui ont conscience d’eux-mêmes. Bocage était de ceux-là, et le temps est venu où un comédien peut laisser dans le souvenir de ses contemporains la trace sérieuse d’une belle vie couronnant un grand talent.

Septembre 1867.