Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/64

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égal à celui des hommes dans la pratique de l’art, et nous ne voulons pas répondre que le progrès des siècles les amène à ce point. C’est un problème qui est peut-être du ressort de la phrénologie plutôt que de celui de la philosophie. Il est bien certain que leur aptitude une fois contestée, une forte direction ne pourra leur être qu’avantageuse. L’examen et l’expérience résoudront la question, dès que cette question, vitale pour la société future, sera devenue l’objet d’une attention impartiale et consciencieuse.

Sans aspirer à jeter du jour sur cette matière, nous pensons que tous les essais hasardés sur les routes qui conduisent à la découverte du vrai doivent être encouragés par la société présente. Tous ceux de ses membres qu’un honteux intérêt ne pousse pas à conserver les abus et les injustices dont souffrent les masses, désirent améliorer l’avenir, et, par conséquent, découvrir la vérité dans le présent. Tous les hommes d’un vrai mérite savent qu’ils ne peuvent être détrônés ni affermis dans leur empire par l’influence, plus ou moins grande, d’un sexe qui met tout son espoir et qui cherche toutes ses garanties dans ce mérite même. Quelles que soient les imbéciles résistances du vulgaire et les haineuses contradictions de la mauvaise foi, les hommes supérieurs entraînent, tôt ou tard, les siècles dans les voies providentielles. Que les femmes à qui les abus du temps présent conviennent ne se réjouissent donc pas trop. Que celles dont la fierté répugne à en profiter ne se découragent pas non plus. Le travail s’opère, et les pas rétrogrades mêmes ne sont pas sans profit pour l’instruction de l’humanité. Nous en demandons bien pardon aux dames ; mais, si nous en jugions d’après ce que nous voyons