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VI

MARIE DORVAL

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… Pour savoir l’empire qu’elle exerce sur moi, dit-il[1], il faudrait savoir à quel point son organisation diffère de la mienne… Elle ! Dieu lui a donné la puissance d’exprimer ce qu’elle sent ; elle répand son âme au dehors ; elle sait, elle peut le faire ; elle est douée d’une sensibilité éloquente, expansive, puissante comme tout ce qui part d’un cœur ardent et d’une intelligence forte. Cette femme si belle et si simple, elle n’a rien appris ; elle a tout deviné. Pauvre, abandonnée, méconnue qu’elle était, nul ne s’est occupé d’orner son esprit et de diriger ses sentiments, et c’est pour cela qu’elle s’est faite si grande, le jour où elle a pu percer ; c’est pour cela qu’elle est si vraie, si semblable à elle-même, si femme, la grande tragédienne ! Regar-

  1. L’auteur se cache ici sous le personnage de Marie.