Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/146

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à l’histoire. Cette impartialité tant vantée est encore du goût des sceptiques, et nous ne glisserons pas sur un mot qui a pris tant d’importance et qui a donné lieu à une si mauvaise manière de juger et de comprendre, sans nous demander quel est son véritable sens.

Il y a ainsi un certain nombre de mots dont la langue moderne a étrangement abusé, et nous nous sommes souvent préoccupé du désir de les voir rendus à leur véritable acception.

Impartialité est un de ces mots qui ont été profanés et dont une sorte de mauvaise foi publique a détourné le sens à son profit. Tâchons de définir ce que c’est réellement que la véritable impartialité. N’est-ce pas cette droiture de l’âme qui nous empêche de juger sans connaître et de condamner sans entendre ? N’est-ce pas le sentiment humain et honnête que nous éprouvons tous lorsqu’on accuse devant nous un absent sans nous offrir la preuve de ses torts ? N’est-ce pas aussi la sévérité avec laquelle, ses torts avérés, nous le blâmons, fût-il notre parent, notre obligé, notre ami ?

Mais les rapprochements tirés de la vie privée ne suffiraient pas pour cette définition, c’est à la fonction solennelle du juge public qu’il faut remonter pour se faire une juste idée du devoir de l’impartialité. L’impartialité du juge préside à l’instruction des procès et à l’application des sentences ; mais, quand il résulte de l’instruction qu’en face de lui sont placés un innocent et un coupable, le châtiment qu’il inflige à l’un, la ré-