Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/179

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a délivrés de la terreur d’un maître absolu, inique et stupide, contresignant dans le royaume des cieux les arrêts portés sur nous par les rois de la terre. Désormais, le droit divin n’a plus de sens ; mais, comme l’homme ne peut pas encore se passer de l’espoir d’une intervention céleste dans les fluctuations de sa destinée, plusieurs abandonnent la notion des dépositaires de la volonté divine par droit d’hérédité, et cherchent à la remplacer par celle des représentants de la Providence par voie de conquête ou par droit d’habileté. Le droit de conquête peut suffire aux athées, c’est la loi du hasard, le droit du plus fort.

Le droit de l’intelligence plaît à ceux qui ne veulent pas admettre un dieu étranger à nos petites affaires de tous les jours. Sans doute ils ont raison dans un sens : celui qui a fait l’univers et l’homme ne peut jamais être étranger à ce que font l’homme et l’univers ; mais combien d’esprits sont assez calmes pour comprendre que les lois divines abandonnent les êtres et les choses aux lois admirables qui les régissent. Abandonner n’est même pas ici le mot qui convient. Le pouvoir qui maintient de telles lois, lui confie les choses et les êtres, et Dieu n’a pas besoin d’être sage et prévoyant à notre manière pour représenter à l’esprit le type de la sagesse et de la prévoyance.

Excluerons-nous pourtant la Providence de nos respects et de nos aspirations ? Pourquoi exclure cette sainte idée, si nous pouvons, en la comprenant bien, la purifier des caprices étroits que le passé ignorant lui attribuait, et réclamer légitimement sa maternelle in-