Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en me bornant à l’exactitude. C’est-à-dire que la beauté du style sera perdue. Le sentiment exprimé dans cette lettre est personnel à Mazzini, très original parce qu’il est très simple, et qu’il ramène la question italienne à la notion élémentaire du vrai et du juste, en politique comme en religion.

Au premier abord, quand nous nous plaçons au point de vue des choses et des idées actuelles, cette question paraît embarrassante, même pour les esprits justes, et je ne trouve point que la polémique, soulevée chez nous par le récent mouvement de l’Italie, l’ait éclaircie d’une manière satisfaisante. Pour les politiques froids, Pie IX est un généreux imprudent qu’il faut modérer. Pour les politiques exaltés, Pie IX est un bonhomme qu’il faudrait pouvoir compromettre afin de le dépasser. Pour les sceptiques, c’est un insensé, qui échouera dans une croisade inutile contre l’indifférence du siècle. Pour les orthodoxes, c’est un audacieux dont il faut se méfier, ou un saint qui renouvellera la face du monde. Pour les socialistes, c’est un impuissant condamné à lutter entre l’ancienne foi qui s’écroule et dont il soutient en vain les débris, et une régénération qui le tente, mais qu’il ne pourrait accomplir sans abjurer son orthodoxie et sans se faire hérétique. Ces divers jugements se heurtent contre la réalité et ne font point avancer le monde d’un pas. Le temps des miracles est passé. Le pape, homme d’esprit et de bonnes intentions, n’est pas Grégoire le Grand, et il ne pourrait recommencer son œuvre, quand même il aurait hérité de son génie. Ainsi les