Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/214

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quoi voudrait-on provoquer l’énergie du peuple quand il est disposé à tant de sympathies et d’effusion cordiale ? pourquoi irriter le lion qui s’est fait homme ? On ne le tromperait pas longtemps désormais. Si on égarait sa religion, si on cherchait à l’endormir encore avec de fausses promesses, on commetterait un grand crime social, car on rendrait terrible et implacable une classe docile à la loi, amie de l’ordre, patiente dans la souffrance et généreuse après la victoire. On détruirait dans son âme l’effet du souffle de Dieu. On contrarierait la Providence, et on ne tarderait pas à être abandonné par elle.

Ces avertissements sont superflus, nous l’espérons bien. Le temps des girondins et des montagnards est passé sans retour. La nouvelle Assemblée constituante n’a point de combats à livrer. Elle a des questions à résoudre, des problèmes à étudier, elle accomplira ce rude travail et ce grand œuvre en appelant le peuple à son aide, comme le gouvernement provisoire, habile en cela autant que probe, lui en donne l’exemple en ce moment. Par la bonne foi de ce travail en commun avec le peuple, le gouvernement provisoire éclaire la conscience du peuple et la sienne propre. Que l’assemblée des représentants de la nation suive cette voie, et nous lui répondons de la vertu du peuple et de son respect pour les délibérations législatives.

3 mars 1848.