Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

donner des places et des avances par Louis-Philippe et ses ministres, vous pensez bien que ça fait des gens bien emmêlés, et qu’on entend dans la bourgeoisie beaucoup de conseils différents. Il y en a qui regrettent les rois et voudraient voir la République en enfer. Il y en a qui ont peur de la République et qui l’aimeraient bien s’ils étaient sûrs qu’elle ne leur fit point de mal. Il y en a d’autres qui l’aiment franchement parce qu’ils sont des hommes justes et qu’ils ont assez d’esprit pour comprendre que plus les pauvres seront coulages, plus les riches seront tranquilles. Il y en a encore d’autres qui ont si peu de connaissance, qu’ils s’imaginent que le peuple est méchant et qu’on ne peut pas servir les intérêts du peuple sans vouloir faire mourir de faim tous les riches. Enfin on entend dire toute sorte de choses sur la République dans ces gens-là, et c’est bien malaisé de s’y reconnaître, parce qu’il y a dans les bourgeois comme dans le peuple, des fous et des raisonnables, des bons et des mauvais.

Ça ne nous inquiétera pas beaucoup, nous autres gens de campagne. Nous ne sommes pas si bêtes qu’on nous croit, et, dans peu de temps, nous connaîtrons mieux que les bourgeois ce que c’est que la République. Quand on aura un peu diminué nos impôts, si on augmente un peu ceux des riches, ils n’en mourront pas, et nous n’en pleurerons point. Si on peut s’arranger pour diminuer la charge de tout le monde, nous en serons encore plus contents, parce que nous de voulons de mal à personne. Nous ne sommes plus