Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/283

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dans le vide ce dernier soupir de l’antique injustice.

Sommes-nous donc en possession de la vérité absolue ? Sommes-nous égaux à Dieu, allons-nous traiter de pair avec lui ?

Ne jouons pas sur les mots, et que l’humilité sceptique et paresseuse des anciennes croyances religieuses ne nous empêche pas de croire en nous-mêmes. Oui, nous croyons en nous-mêmes, parce que nous croyons en Dieu qui nous a inondés tout à coup d’un vaste flot de sa lumière infinie. Si nous baissions la tête et si nous fermions les yeux, c’est alors que nous serions athées. Si nous n’avons pas la vérité absolue, nous avons du moins la notion que cette vérité existe. Toutes les religions l’avaient, dira-t-on. Oui, elles l’avaient, mais elles ne croyaient pas atteindre à la possession de la vérité, ou elles ne croyaient pas qu’elle fut révélable à tous les hommes. Les hiérophantes de tous les cultes disaient à la foule : « Ne cherchez pas à pénétrer le mystère, vous ne le saurez qu’après la mort. »

Et nous, nous disons : La notion de la vérité, nous l’avons conquise. Elle nous a coûté du sang et des pleurs. Dieu bénit notre persévérance et bous donne cette notion plus vaste et plus claire qu’à aucune autre époque de notre vie antérieure. Il ne la donne pas seulement à quelques élus, il la donne à tous les hommes. Que tous les hommes se lèvent donc, et fassent monter vers lui ce cri profondément religieux : « La notion de la vérité que tu nous donnes aujourd’hui, ô Providence, c’est la conscience de notre droit, et nous