Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/287

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dépouillez, vous menacez ma propriété, ma vie. Que vous versiez mon sang ou que vous tarissiez les sources de ma richesse, c’est la même chose pour moi. Votre socialisme effréné m’annonce l’expropriation, ou le meurtre et le pillage. Votre progrès me tue, et vous voulez que je l’accepte sans murmure ou sans effroi. C’est impossible. »

Voyons ce qu’il y a de juste et d’injuste dans cette plainte, car il y a de l’un et de l’autre, s’il est vrai que nous voulions détruire à ce point le droit du passé. Le passé à un droit véritable, un droit qu’il nous faut respecter. Il a un faux droit, un droit inique qu’il nous faut rayer du code de l’humanité.

Si nous menacions la vie des citoyens qui ne pensent pas comme nous et qui ne reconnaissent pas notre droit, nous serions injustes. Nous ne le ferons pas, à moins qu’ils ne menacent la nôtre, et qu’ils ne viennent à main année réclamer leurs privilèges. Alors, nous saurions ce que nous avons à faire, et la lutte violente entre le passé et le présent établissant comme aux jours néfastes de la première révolution, nous aurions la douleur de briser et d’anéantir ceux que nous voudrions considérer comme nos frères. À Dieu ne plaise qu’ils l’essayent, cette lutte impie ! mais elle n’est pas à craindre. Il suffit de regarder le peuple en face pour comprendre que ce serait de la démence.

Pour prouver que nous voulions respecter la vie de nos semblables, nous avons laissé fuir nos ennemis, nous avons aboli la peine de mort. C’est nous faire