Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/325

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quand cette grande Niobé se tord sur son rocher, et lève vers le ciel ses beaux bras prêts à retomber pour jamais sur ses flancs pétrifiés ! Marchons, et marchons vite ! Quel que soit Je lendemain de la bataille et les secrètes pensées des divers champions qui s’unissent aujourd’hui pour la défendre, il ne s’agit pas de régler ses futures convenances, d’enchaîner les formes de son développement ; il s’agit de ne pas souffrir qu’on l’égorgé ; il s’agit de la rendre à elle-même, et quiconque parle politique à cette heure, quiconque a un système, un projet, un parti pris, une arrière-pensée en dehors de la croisade, est un impie et un mauvais frère : n’est-ce pas, Garibaldi ?

Courez donc, vous qui avez des ailes ! Suivez ces démons de zouaves, orgueil de la guerre, — ces intrépides et agiles chasseurs de Vincennes que j’ai vus confusément dans mon rêve, mêlés à l’immense ligne des fantassins de toute arme, ces fiers cavaliers, ces puissants artilleurs dont les chariots sonores faisaient trembler et gémir la terre. Et vous, pauvres petits paysans étonnés, coupez vos longs cheveux gaulois et allez en paix. Quand vous reviendrez, vous porterez haut la tête !

C’est que vous aurez vu là-bas de grandes choses. Si rien n’est plus déplorablement illogique que l’Italien asservi, rien n’est plus beau que de le contempler dans le retour de sa volonté et de sa force. Comme le Français, l’Italien ne sait rien être à demi. N’est-ce pas un tempérament d’artiste ? Vous ne le verrez jamais marcher droit et ferme sous le bâton comme