Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/94

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cialistes de cette assemblée constituante, qui nous a transmis l’esprit et presque la lettre de ses institutions, n’aboutirent qu’à une sorte de compromis mensonger où tous les droits furent attribués par le fait à une classe de citoyens, tandis que tous les devoirs furent imposés aux masses qui forment la nation. L’esprit de synthèse qui animait et tourmentait les socialistes, sans les éclairer suffisamment, fut étouffé par l’esprit d’analyse qui brillait chez les politiques. La révélation était enveloppée de trop de nuages ; la réalisation fut un sophisme, et ce sophisme nous gouverne encore à l’heure qu’il est.

Cependant, si l’on examine les intéressantes discussions de ce premier concile laïque de l’humanité, comme l’appellerait Pierre Leroux[1], on verra qu’aucune des notions principales que nous avons élaborées depuis cette époque n’était ignorée de nos pères. Il n’y a pas jusqu’aux termes dont nous nous servons familièrement aujourd’hui qui ne fussent techniquement employés par quelques orateurs ou imprimés en italique dans quelques écrits de l’époque. Mirabeau

  1. Puisque nous citons Pierre Leroux, nous devons au respect et à l’amitié que nous lui portons de dire que nous le plaçons, trop au-dessus de ce misérable débat entre les politiques et les socialistes vulgaires (il est des hommes politiques que nous plaçons au-dessus également) pour avoir songé à le comprendre dans l’une ou l’autre catégorie. Quelques personnes se sont peut-être attendues de notre part, dans cet écrit, à une partialité pour les philosophes dont notre estime pour lui serait le motif. Je les prie de se détromper. Si Pierre Leroux était en cause, ce n’est pas indirectement que nous voudrions avoir à défendre ses idées.