nous examinions notre guide, plus nous remarquions en lui une sorte de divination, à l’endroit de la chasse, dont il semblait parfois travaillé et tourmenté comme d’une souffrance, comme d’une maladie. Il n’était pas charlatan le moins du monde, il n’employait aucune manigance cabalistique, et, s’il croyait à Georgeon, il s’en cachait bien et n’en parlait pas volontiers. Un phénomène qui s’opérait en Mouny-Robin nous mit, quoique vaguement, sur la voie de ce que je crois aujourd’hui devoir approcher de la vérité.
Un jour (nous avions apparemment toutes les mauvaises influences contre nous), nous fîmes quatre ou cinq mortelles lieues de pays sans rien rencontrer. Il semblait que tout le gibier eût été frappé d’une plaie d’Égypte, car nous ne pûmes pas seulement viser une alouette. Rageot était d’une humeur de dogue, et Médor nous regardait d’un air mélancolique. Deux ou trois fois, pour tromper leur ennui, ils tombèrent en arrêt sur des hérissons et sur des couleuvres ; mais Mouny nous interdisait de tirer sur ces viles bestioles, prétendant que cela gâtait la main. Au dire des paysans, il protégeait, par malice de sorcier, les mauvaises bêtes vouées au diable, car Georgeon livre au chasseur qu’il protège le plus noble gibier, à condition qu’il respectera les animaux immondes dont il fait sa société dans les nuits de sabbat : les chouettes, les chats sauvages, les crapauds, les serpents, les renards, les loutres, les chauves-souris, les loups, etc. Ce jour-là, Mouny-Robin) était triste, accablé, plus pâle qu’à l’ordinaire, et nonchalant comme il ne l’était pas souvent.
— Écoutez, nous dit-il, il faut changer tout cela, je vais me retirer.
— Qu’appelles-tu te retirer ? lui dis-je. Quitter la chasse ?
— Non, mon fils, répondit-il, je vais me retirer dans