Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/110

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toutes les pensées humaines. Les vieilles religions ont leur forme toute faite, et cette forme, qui dispense d’en chercher une autre, paraît fort commode à l’Assemblée très chrétienne du palais Bourbon ; car entre deux présidents très recommandables et très honorables, sans doute, les citoyens Trélat et Bûchez, elle a donné la préférence au plus catholique des deux. Ajoutons qu’un parfum de catholicisme s’est répandu aussi sur le choix des vice-présidents : à telles enseignes que l’auteur de Diogène n’a pas voulu, dit-on, faire partie du banc de l’œuvre. Hélas ! Diogène, il n’est pas encore temps de briser le tonneau, dernier refuge de la vérité crue, et de t’asseoir parmi les marguilliers de la République…

Triste agonie officielle, et véritable embaumement final du catholicisme ! Ah ! si j’étais M. Lacordaire, ou bien si j’avais la foi catholique, je n’aurais pas voulu assister à cette sépulture bourgeoise ; je n’aurais pas voulu signer cet acte de décès qui va se présenter sous la forme d’une sorte de mariage entre la bourgeoisie et l’autel, mariage de convenance s’il en fut, où, la dot comptée, chacun s’en ira de son côté. Alors, le citoyen Pagnerre, éditeur du citoyen Lamennais, publiera, comme épithalame, une nouvelle édition de l’Indifférence en matière de religion, ouvrage qui ne manque pas d’actualité.

Nous ne verserons pas de larmes sur le cercueil de la défunte. Elle a vécu longtemps et sans se reposer. Nous rirons un peu des honneurs que lui rendra la bourgeoisie par peur du paysan, qui, en certains en-