Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/112

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stitution fera bien d’instituer une police spéciale pour que les divers acteurs de ces spectacles ne se prennent pas trop aux cheveux dans certaines villes du Midi. Ce n’est qu’un point de détail facile à prévoir. L’État aussi aura à intervenir sagement dans la conduite privée des communautés catholiques ; mais nous ne voyons pas que, pour être conséquent avec lui-même, il ait le droit de les dissoudre. Je crois que, l’esprit public aidant, il leur sera de moins en moins facile de se soustraire à l’atteinte des lois qui régissent la société civile. Sans doute ces antres de corruption que la croix du chaste Jésus protège contre le regard des hommes sont une plaie vive pour la morale publique ; mais, quand on ferme brusquement une plaie, elle se rouvre ailleurs plus pernicieuse et plus obstinée. Laissons au temps et au progrès, laissons à l’influence de l’atmosphère républicaine le soin de purifier tout. Laissons cela surtout au progrès du vrai christianisme dans les esprits.

Le vrai christianisme, il faut le définir ; car, sur le terrain de la religion, les formules vagues prêtent beaucoup trop à l’hypocrisie, et finissent par se constituer à l’état de mystère ; le vrai christianisme, c’est à la fois une philosophie et une religion. Nous avons fait ce progrès de confondre ces deux termes, et de ne pas croire qu’un culte rétribué fût nécessaire pour faire passer une philosophie à l’état de religion. Chacun de nous aujourd’hui, à quelque nuance qu’il appartienne, se sert de cette expression, ma religion politique, pour donner toute sa valeur à l’opinion qu’il