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XI

PARIS ET LA PROVINCE


I

LETTRE D’ANTOINE G***, OUVRIER CARROSSIER,
À PARIS, À SA FEMME GABRIELLE G***


Paris, ce 27 mai 1848.

J’ai reçu ta lettre ce matin, ma chère bonne amie, et je l’ai embrassée de plaisir, car je commençais à être inquiet. Je remercie le bon Dieu d’avoir donné un heureux voyage à ma chère famille, et je remercie ton brave homme de père de vous avoir fait une si belle réception. Je savais bien qu’il serait heureux de vous avoir auprès de lui, ce digne père, pour vous épargner les mauvais jours de ce temps de misère. Tu lui auras bien dit que, si je me suis vu forcé de vous envoyer chez lui, qui n’est pas bien riche, et qui se ressent aussi de la gêne, ce n’est pas que je sois un paresseux ou un dépensier. Jusqu’ici, le travail avait