Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/204

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deux natures de propriété éloigne à jamais le communisme de nos institutions. Sans doute, si le communisme est ce que ses adeptes veulent qu’il soit. Mais, s’il est autre chose, s’il est ce que je crois, le mot oublié ou transformé, la chose doit rester, et l’idée doit faire son temps et son œuvre dans le monde.

Au reste, peu importe que l’auteur de ce travail voie l’avenir avec d’autres yeux que lés miens. Quand on en est à prophétiser, les discussions sont oiseuses et insolubles. Ce que je regarde comme important pour le principe que j’ai posé tout à l’heure, c’est qu’un autre que moi y soit arrivé en voulant combattre le communisme, comme j’y étais arrivé de mon côté en voulant le défendre. C’est que, apparemment, fatigués de contempler l’idée sous la face qui nous était toujours apparue, il nous est arrivé à l’un et à l’autre d’en faire le tour, et d’en voir les deux faces opposées. Je souhaiterais que tout le monde pût en faire autant ; et, comme il y a partout des yeux au moins aussi bons que les miens, la vérité, l’esprit de justice, et la possibilité de s’entendre, y gagneraient certainement.

Je n’entreprendrai donc pas de définir ce qui est essentiellement personnel et absolu dans le domaine de la propriété privée ; ce qui est essentiellement impersonnel et modifiable dans le domaine de la propriété publique. C’est l’objet du travail qu’on va lire : mais je placerai ici, pour ma satisfaction particulière, quelques réflexions sur le communisme et sur le rôle que je le crois appelé à jouer dans l’avenir.