Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/232

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nous sauver des intrigues et des lâchetés qui nous menacent, ici comme ailleurs, pour le jour, peut-être prochain, d’une lutte formidable, décisive, entre le principe de la monarchie et celui de la république. — Nous le croyons, parce qu’il n’est pas probable que l’exemple de la pauvre Italie soit perdu pour nous, ni son expérience pour elle-même. — Nous le croyons, parce que l’affaire de Rome a porté ses fruits, fruits amers dans le présent ; malheur pour l’Italie, honte, faiblesse et danger pour nous : mais fruits d’expérience qui profitent à l’avenir, comme ces poisons dont la science tire de puissants remèdes.

Nous le croyons, enfin, parce que la France est dans des conditions d’unité que l’Italie avait à conquérir. Mais ce n’est pas une raison pour s’aveugler sur des dangers immenses. Ce danger n’est point en haut ; ou plutôt, il est plus haut encore que dans le sein des camarillas politiques et des diplomaties perfides, il est dans le sein du véritable souverain, le peuple. Si le peuple abusé remettait encore une fois ses destinées aux mains de la réaction, qui sait à quel degré de misère et d’abaissement la France pourrait descendre ?

1850.


I

TENDANCES NATIONALES

Le mouvement italien prenait chaque jour davantage le caractère national qui constitue sa nature intime.