Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/240

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les pays à jurer et à se parjurer, à exalter ou à calomnier, à oser ou à ramper selon le vent qui souffle, pourvu que dans une agitation sans danger, ils puissent acquérir une importance microscopique quelconque ou un tout petit emploi public ou secret. Race, Dieu merci, plus rare en Italie qu’ailleurs, mais plus nombreuse cependant, par suite d’une éducation jésuitique, matérialiste et tyrannique, qu’on ne voudrait la voir au milieu d’un peuple grand dans son passé et appelé à être grand dans l’avenir.

Des premiers (les chefs modérés) s’élevait une voix qui disait : « Notre première question est l’indépendance ; notre premier conflit est avec l’Autriche, puissance gigantesque, tant par les éléments qui lui sont propres que par ses liens avec les gouvernements de l’Europe. Or, si vous menacez vos princes, non seulement vous n’aurez pas d’armées, mais vous les aurez hostiles : notre peuple est corrompu, ignorant, désaccoutumé des armes, indifférent, sans volonté ; et avec un peuple semblable, on ne fait ni une guerre nationale, ni une république fondée sur la vertu. Il faut auparavant l’instruire, l’habituer aux fortes actions, à la morale du citoyen. . Le progrès est lent et marche par degrés. Avant tout, l’indépendance, puis la liberté éducatrice, constitutionnelle-monarchique ; puis enfin, la république. Les affaires des peuples ne se régissent que par l’opportunité, et qui veut tout n’a rien. Ne persistez pas à recopier le passé, le passé de la France surtout. L’Italie doit avoir son propre mouvement et des règles propres à ce même mouvement. Vos princes