Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/31

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qui, dans la pensée de presque tous les témoins, était une sanction donnée au bon résultat de la journée, mais qui pouvait, aux yeux des absents, passer bientôt pour une provocation insensée ?

Nous le dirons franchement sans nous occuper des questions de personnes et sans entrer dans la confusion des détails. Là, nous ne trouverions pas la vérité, parce que, quand on entre dans ces faits secondaires, on ne saisit jamais d’une manière absolue la connaissance du fait. On se trompe, on est injuste, on calomnie sans le savoir, on noircit l’histoire du fatras des interprétations. Mais nous trouverons la vérité plus haut, nous la trouverons dans l’esprit même qui préside aux faits.

Voici donc la cause première du grand malentendu du 16 avril :

C’est que, dans les deux portions du peuple qui ont comparu, le 16 avril, sur la scène de l’histoire, il s’était glissé des éléments de réaction contre la liberté. Nous ne savons pas, nous ne voulons pas savoir si ces éléments étaient représentés par des personnes. Ces éléments de discorde et de réaction, également empreints d’absolutisme de part et d’autre, se traduisaient par des clameurs, par des délations ou par des calomnies, par des noms propres jetés au vent, par de fausses nouvelles, par des alarmes puériles. Eh bien, d’une part, l’esprit de la contre-révolution s’efforçait de persuader au peuple armé en ce moment-là, que le peuple sans armes ce jour-là cachait des poignards dans son sein. Quel était cet esprit de réac-