Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/373

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son œuvre, et l’on sent bien que, si elle s’est arrêtée quelquefois devant l’antre des pythonisses pour surprendre le secret de leurs tourments, elle n’a jamais perdu le chemin du sanctuaire où la vérité se révèle sans trépied, et où la sainte dignité de la raison est encouragée par Dieu-même.

En somme, madame Hortense Allart est, par ses travaux sérieux, ses vertus privées, la noblesse de son caractère, l’élévation de son talent, et la haute direction de son esprit, une des gloires de son sexe. Plus ou moins répandus, ses livres resteront comme des matériaux de l’édifice du progrès. Nous n’avons pas toujours adhéré à toutes ses idées sur les choses de fait, et nous trouverions bien encore à faire nos réserves à quelques égards, dans son livre. Mais à quoi bon ? Chacun peut en dire autant à propos de tous les livres. Ce qui importe, c’est l’ensemble, c’est le but cherché et le résultat obtenu. Rendons-lui cet hommage de la juger par ses côtés essentiels et victorieux, comme elle juge ceux qu’elle cite. Il est impossible de mieux comprendre qu’elle ne l’a fait Platon et Pascal, Pythagore et Rousseau, les pères de l’Église et les encyclopédistes. C’est véritablement, à cette heure surtout, un très grand esprit que le sien, un esprit arrivé à une telle hauteur, que l’on sent pour lui un respect ennemi de la discussion.

Nohant, 30 septembre 1857.