Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/38

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d’enfants du peuple. Espérons que la caste n’a pas senti la portée d’une pareille provocation. Si elle en avait pesé les funestes conséquences, elle ne serait pas exposée à entendre crier aussi un jour contre elle : Mort aux riches ! à la lanterne les aristocrates ! Abominables retours vers le passé, dissipez-vous comme un mauvais rêve ! Que ce soit le premier et le dernier de notre jeune république ! Ils ne sont ni dans sa nature, ni dans ses besoins, ni dans son esprit. Pour les rappeler un instant, il faut inventer une petite terreur promener le spectre du communisme immédiat, supposer des dangers fantastiques, et surtout se persuader qu’on a sous la main une population de sauvages prêts à tout croire et à tout faire sous l’empire d’une frayeur puérile.

Aujourd’hui, le fait mûri en trois jours, éclate comme l’évidence même. Le peuple, convoqué à une réunion de famille, apporte aux regards du monde une manifestation suprême, définitive. On l’appelle, on l’invite à se montrer. Tous les partis, tous les intérêts désirent le voir, l’entendre, le compter ! Voyons, se disait-on hier, combien sont-ils ? Où sont leurs armes ? Quelles sont leurs idées, leurs intentions, leurs moyens ? Sont-ce des ennemis qu’il faut craindre ou des instruments dont on peut se servir ? Le peuple sera-t-il acteur ou spectateur dans le cortège ? La troupe lui sera-t-elle sympathique ou hostile ? Aura-t-il des préférences sourdes ou éclatantes pour telle ou telle nuance de l’idée complexe que personnifie le gouvernement provisoire ? Demandera-t-il quelque