Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/428

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ries sans résultat. Les parents auraient tort de croire que le travail du loisir porte préjudice au travail de la profession. Tout travail exerce au travail, et plus on s’habitue à ne pas perdre une heure de sa vie, mieux on vaut, plus on est capable et actif. Si vous recherchez la vie des hommes de talent et de mérite, vous y verrez dès le jeune âge une surabondance d’occupations et mille essais dans tous les sens. L’esprit cherche sa voie, et un peu d’inconstance au commencement est chez eux l’indice d’une forte persévérance dans l’âge mûr. Le temps n’est plus où la jeunesse, docile à la coutume et à la loi de famille, acceptait sans raisonner l’état que ses parents lui choisissaient. Certes cela était bon, alors qu’il n’y avait pas encombrement et que la profession était une sorte d’héritage respecté de tous. Il n r en est plus ainsi ; la route est couverte d’aspirants à toutes les carrières, et, pour s’y faire jour, il faut plus de facultés, de volonté et de luttes qu’autrefois. De là le découragement de beaucoup d’enfants excellents et bien doués, que la famille presse et gourmande, mais ne peut plus aider bien efficacement à percer la foule. On les voit alors s’éteindre dans l’ennui ou s’étourdir dans le désordre.

Le remède serait peut-être de leur donner le temps de se former et de se connaître. Aux sacrifices que l’on fait — et que l’on doit faire — pour leur éducation première,, il faudrait joindre la patience d’attendre que l’arbre puisse porter ses fruits. Ce n’est pas au lendemain du baccalauréat qu’un garçon est capable de savoir à quoi il est propre. Et, d’ailleurs, si la vie de