Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/51

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France, ne peut pas vouloir ruiner l’agriculture, qui est la mère nourricière de la France. C’est à seules fins de pouvoir décharger le travail de la terre, de tous ses empêchements et de tous ses malheurs, qu’elle demande au travail de la terre un effort une fois fait. La terre est généreuse ; après les accidents des mauvaises années, elle n’est pas épuisée, et elle recommence à produire. Le cœur des hommes ne peut pas être moins généreux que le sein de la terre. C’est Dieu qui féconde l’un comme l’autre, et les hommes font par justice et par véritable religion ce que la terre fait par l’ordre de la nature.

On se fait de l’impôt une mauvaise idée parce que, sous les monarchies, l’impôt a toujours eu un mauvais emploi. L’impôt est destiné à prendre un peu du trop de chacun pour donner beaucoup à tous. Ainsi, c’est peu que de payer le huitième de son revenu, pour avoir les débouchés nécessaires au commerce, et la sûreté de la propriété.

Si chacun était obligé de se garder soi-même, ou de s’ouvrir un chemin pour transporter ses récoltes et ses marchandises, les plus riches ne le pourraient pas, et, pour conserver le huitième de son revenu, chacun perdrait la totalité de son revenu. Nous vivrions bientôt comme les sauvages qui renoncent à cultiver la terre et meurent de misère dans des pays fertiles.

Ce qui rend l’impôt très dur, et ce qui arrive à le faire regarder comme une grande vexation, c’est le mauvais emploi qu’en a fait la monarchie. Quand on