Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/58

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qui va discuter et réformer la loi sur l’impôt : c’est à nous de bien savoir et de bien vouloir ce qui nous est dû de soulagement. Si nous prenons des députés ennemis de nos intérêts, ce sera notre faute si Ton ne nous fait pas justice.

Une bonne assemblée sera bien forcée d’examiner nos plaintes, d’avoir égard à nos empêchements, de voir et de toucher du doigt l’inégalité de nos charges. Quand les riches de l’assemblée auront discuté cela avec les pauvres que nous leur enverrons pour leur dire où nous en sommes, ils se rendront à la vérité, et ils feront d’eux-mêmes le sacrifice que la justice aura prouvé nécessaire. Patientons donc. Une assemblée décidera tout, si nous votons une bonne assemblée ; elle le décidera sans colère, sans violence et sans que nous ayons rien à nous reprocher ; alors les riches comprendront qu’ils n’ont plus sujet de cacher leur argent, vu que notre sagesse les met à l’abri des coups de mains dont ils avaient peur. La loi qui rendra notre sort possible, rendra le leur tranquille, et ils aimeront mieux une loi qui fixera le chiffre de leurs sacrifices, qu’un décret provisoire qui leur aurait laissé la crainte de sacrifices sans fin.

Nous devons donc croire que tout a été fait pour le moment à bonne intention et avec le désir de nous conserver la circulation de l’argent, qui aurait peut-être disparu tout à fait si l’on avait marché trop vite.

Avisons à nos élections, ce sera le baume sur la blessure. Ne donnons pas nos voix à un homme parce qu’il sera riche ; ne les lui refusons pas toujours