Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/88

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au besoin, à contenir. Mais encore prenez garde à la manière dont vous contiendrez ces exaltés. Si c’était par la violence et l’injustice, ce peuple, qui est généreux, prendrait parti pour eux contre vous, le lendemain.

Et, si ces exaltés vous servaient de prétexte pour étouffer toute discussion de principe, le peuple ne vous pardonnerait pas de l’avoir trompé, et l’influence purement politique de quelques noms estimés serait insuffisante pour vous conserver la vôtre.

La sagesse et la générosité sont l’air que le peuple respire. Augmentez et renouvelez, et faites librement circuler cet air dans sa poitrine. Une atmosphère parfumée de belles et menteuses paroles ne suffira pas longtemps à ses vastes aspirations. Il la rejetterait bientôt comme un poison. Il vous redemanderait l’air vital, la vérité, et, si vous ne l’aviez pas, il ouvrirait la voûte du temple pour y faire entrer le souffle de Dieu.

4 mai 1848.