Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/98

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des idées contre les intérêts, et des intérêts contre les idées. Bien peu de personnes osaient approuver la Saint-Barthélemy rouennaise ; le peuple indigné eût rougi d’avoir dans ses rangs un seul avocat de cette épouvantable cause, et nous espérons fort que la majorité de l’Assemblée nationale (osons compter sur l’unanimité) repoussera avec horreur toute solidarité avec ce fait monstrueux.

Non, non ! il n’y aura pas à l’Assemblée un seul complice moral de l’assassinat. Si l’Assemblée croit devoir garder le silence jusqu’à la fin de l’instruction commencée à Rouen, du moins le jour où l’arrêt sera rendu, s’il confirme la clameur publique, l’Assemblée votera d’emblée l’infamie des bourreaux du peuple, comme elle a voté d’enthousiasme la proclamation de la République. Par sa spontanéité et son énergie dans cette circonstance, l’Assemblée prouvera qu’elle veut justifier la confiance que le peuple lui a accordée dès son premier cri d’amour pour la République.

Après la douloureuse émotion produite par les nouvelles de Rouen et de Limoges, après un silence de réprobation contre les violateurs de l’ordre républicain à Limoges, et un cri d’indignation contre le rétablissement de l’ordre moscovite à Rouen, le peuple de Paris, qui, dans ses entretiens, remonte toujours de l’effet à la cause, a encore agité, dans ces nombreux clubs en plein air qu’il appelle modestement des groupes, les questions brûlantes qui se traduisent encore ici, cette semaine, par les mots de communisme et de réaction. Nous dirons cette semaine,