Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/117

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allait se déshonorer, commettre un crime, ou se souiller d’une lâcheté ! Mon Dieu ! qu’il meure plutôt !… non ! qu’il ne meure pas, qu’il souffre, qu’il expie, mais, ô mon Dieu, ne permettez pas qu’il fasse le mal et qu’il meure en le faisant !

Oui, c’est comme cela que vous aimez l’enfant de vos entrailles, et plus encore, car il arrive parfois qu’il fait le mal, qu’il devient coupable et criminel, et alors, vous le plaignez tant, que vous l’aimez plus que jamais. Sa mère l’accompagne dans l’exil, dans la prison, au bagne et jusqu’au pied de l’échafaud. Le prêtre qui, au nom de Jésus, représente la paternité spirituelle, le bénit et l’embrasse jusque sous la main du bourreau. Oui, c’est comme cela qu’on aime son enfant, et Jacques est l’enfant de nos entrailles»

Est-ce qu’il n’est pas plus encore pour toi, ô race qui règnes et possèdes ? Est-ce qu’il n’est pas à la fois ton père, ton ancêtre, ton frère naturel, le fils de ton amour ? Jacques t’avait mis au monde dans le mariage, tu l’as oublié, tu le rends au monde en couchant avec la fille du peuple, et tu en fais un bâtard que tu aban-