Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/165

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très grande fortune, ma grand’mère, madame Dupin de Francueil, fît acheter une petite terre en Berry. Elle avait habité Châteauroux, où son mari avait été receveur général des finances ; elle y avait laissé des amis, elle savait le pays tranquille. La grande préoccupation des personnes, que le nouvel état des choses effrayait, était alors de fuir Paris et de se réfugier dans quelque province où le choc social vînt s’amortir dans le calme des habitudes et la douceur des relations. Sous ce rapport, le Berry, et surtout la partie que nous appelons la Vallée-Noire, est une sorte d’oasis, où, en bien comme en mal, le changement arrive sans grandes secousses, et cela de temps immémorial.

J’ignore si ma grand’mère connaissait Nohant lorsqu’elle en fit l’acquisition. Elle y fut longtemps fort gênée et ne put jamais y introduire le luxe de ses anciennes habitudes ; mais la maison est saine, aérée et bien disposée pour contenir une famille.

La distribution à laquelle je n’ai presque rien changé est telle que je n’y peux loger que quelques amis. Le système des petites chambres nombreuses et serrées qui permet d’entasser