Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/202

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peut être longue et je vous écris sur du papier très fin. Vous causerez à la pauvre Juliette une joie immense en lui donnant l’écriture de sa fille et des détails que certainement elle n’a pu avoir…

Quant à nous, quoique nous ayons eu les Allemands bien près, nous n’avons encore éprouvé aucun dommage et nous nous portons bien malgré un froid épouvantable.

Nous ne pouvons vous rien dire de l’armée, par la raison très simple que nous ne savons rien. Nous nous trouvons par la situation du pays, moins informés que vous ne l’êtes probablement à Paris. Les dépêches et les journaux sont pleins de réserves ou de contradictions. Nous ne savons pas encore ce qui s’est passé à Vierzon, qui a été occupé deux ou trois fois sans dommage de part et d’autre. Il y a de tout dans les renseignements particuliers qui nous arrivent ; rien qui puisse rassurer ni désespérer d’une manière certaine. Ce que l’on souffre de cette incertitude est un vrai supplice, mais il faut le supporter en silence pour ne pas augmenter l’irritation des autres. Adieu, cher ami, dites-moi si ma lettre vous