Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/212

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m’en croire, moi qui, en maudissant les hommes ambitieux et nuls de mon parti, persiste à croire que la forme républicaine, même la plus égalitaire, est l’unique voie où l’humanité puisse entrer avec honneur et profit.

Je ne sais si nos appréhensions se réaliseront. Nous craignons la lutte Favre et Gambetta. Nous craignons que Favre ne vienne pas lui-même à Bordeaux. Lui seul a assez de poids en France pour empêcher une scission funeste qui, en définitive, tournerait au profit des légitimistes ou autres ennemis de la République ; car vous allez voir le parti Gambetta insulter Paris comme il a insulté tout ce qui faisait obstacle à son ambition. Ce parti n’est pas la majorité, tant s’en faut. Mais il est au pouvoir, il a passé tout le temps du siège à s’installer, ne montrant d’autre préoccupation sérieuse que d’avoir des hommes à lui, honnêtes ou non, peu lui importe. Il brise ceux qui osent avoir un avis. Il procède à la manière de l’Empire, et plus brutalement, avec scandale. Et la France a subi cette dictature avec une patience héroïque, et elle sera calomniée aussi par ce parti incapable et outrecuidant, elle qui