Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/225

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sies contre l’honneur et le bon sens on entend et on lit ! Le paysan, c’est-à-dire le nombre n’a pas départi. Il ne veut, dit-on, que ses intérêts. Mais ses intérêts, c’est la vie, c’est le pain, le vin, la viande que nous consommons, c’est la matière, la vie matérielle que les théoriciens oublient, eux qui ne savent pas qu’un épi n’est pas un chardon.

J’ai été au commencement, comme tant d’autres. Au début du suffrage universel, j’en ai été effrayée. J’aurais voulu une restriction, l’obligation de savoir lire. Mais, depuis vingt ans, j’ai vu, d’abord, que tout doucement les jeunes paysans apprenaient un peu, et que ce peu volontairement appris était beaucoup ; ensuite, que lettré ou non, il avait, de son droit, un sentiment extraordinaire et toujours en progrès. — C’est le premier échelon de la République, cela, et, si on veut l’ôter, il n’y a plus rien. Mais on ne le peut pas, il est trop tard, et quiconque y porterait la main serait brisé.

En ce moment le parti (dont je suis quand même par le titre, puisque je suis républicaine à jamais) est scindé : Paris, Bordeaux. Quelles