Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tout ce qu’il vous plaira. Nous n’avons nul sujet, nul besoin, nul désir de dire du mal de l’homme. Mais il est sabre ; est-ce le sabre qui peut guérir la maladie de la France ? Le sabre Cavaignac lui a-t-il rendu la santé ? L’a-t-il conduite à la liberté ? N’a-t-il pas dû céder la place à tous les sabres de l’Empire ? Qui règne par l’épée périra par l’épée.

Nous y voici donc ! le dénouement trop prévu a été précipité par la fatalité de l’élection Barodet, inopportune et téméraire leçon donnée à M. Thiers, au seul homme qui puisse maintenir la République et que la République eût dû maintenir.

Belle affaire de voter pour lui à la dernière heure et quand tout est perdu ! M. Thiers a fait quelques fautes dans ces derniers temps, nous ne le nierons pas. Il a fait des concessions funestes, il a laissé restreindre son pouvoir, diviser son ministère. M. Dufaure a penché à droite et à gauche sans à-propos et sans lucidité. Tout cela n’est que trop visible ; mais l’opinion de la France républicaine pouvait tout réparer : elle ne l’a pas voulu. Elle n’a eu ni patience, ni persévérance, ni intelligence