Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/253

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soumis à des éventualités diverses, pour marcher à la liberté. Pour les cléricaux et les monarchistes, l’autorité est le but, le principe, la foi.

Beaucoup de radicaux, j’en conviens, partagent cette croyance passionnée et l’appliqueraient sans scrupule. Voilà pourquoi le règne immédiat des radicaux tels qu’ils sont en ce moment, irrités et dévoyés, n’était point désirable. Mais les radicaux sont destinés à s’éclairer ou à disparaître. Les articles mêmes de leur foi condamnent les violences qu’ils pourraient commettre, et, dans le sein de leur parti, ils trouveraient de vrais adeptes d’une foi plus pure et plus humaine. Le radicalisme, le communisme même, disons-le sans crainte, ont pour eux l’avenir. Ils sont redoutables aujourd’hui ; plus tard, ils seront respectables. Ils auront abjuré les noires visions du désespoir, ils auront compris la religion qu’ils proclament sans la connaître, mais le monarchisme ne changera pas. Il ne dépend pas de lui de modifier son programme. L’homme n’est pas perfectible, selon lui ; donc il ne doit jamais être libre. Il a fait le mal, il le fera toujours.