Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/98

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J’ai été voir Sophie[1] qui ne savait rien de son mari depuis la veille, puis Isaure inquiète aussi du sien, bien qu’elle sache où il est. Puis Pauline, qui est calme comme le génie. C’est fort triste de ne pouvoir rencontrer ses amis, de ne savoir où les joindre et de n’oser interroger leurs femmes dans la crainte de les épouvanter. On y va inquiet, pour qu’elles vous rassurent, et il faut s’occuper bien vite de les rassurer. J’ai su par Sophie que Bixio s’était constitué prisonnier après avoir été relâché et que sa femme l’y avait vigoureusement engagé ; celle-là est ferme comme un roc. Sophie est troublée, mais courageuse par effort. Lovely m’a paru faible, mais résignée.

Pauline n’a rien à craindre pour elle ni pour ce qui l’entoure ; dans le danger elle serait intrépide… Mais elle a le profond égoïsme de l’artiste supérieur, l’égoïsme inoffensif et brave qui donnerait secours et protection sans hésiter, l’égoïsme légitime et cependant étrange, qui veille à la garde de lui-même avec un soin calme et jaloux. Ainsi, aujourd’hui, elle était

  1. Madame Hetzel.