Page:Sand - Tamaris.djvu/112

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— Oh ! bien des choses, répondit-il. D’abord, elle passe pour une enragée ramasseuse d’épaves. Il n’y en a que pour elle ! Et puis elle bat ses enfants.

— Elle bat ses enfants ! dis-je à la marquise en me retournant vers elle, la calèche découverte me permettant de lui parler.

— J’en étais sûre, je vous l’avais dit.

— C’est pour cela que je vous proclame grande devineresse et grande physionomiste… Bat-elle aussi son mari ? demandai-je à Marescat.

— Non, c’est un homme, lui ! mais elle gouverne tout de même. C’est une femme que beaucoup en ont été fous. Elle a été la plus jolie qu’il n’y ait pas à dix lieues autour d’ici, elle aurait pu épouser un gros bourgeois si elle avait su tenir sa langue ; mais elle pense et elle dit du mal de tout le monde, et colère, c’est une serpent quand elle vous en veut.

— Est-ce qu’elle vous en veut, à vous ?

— À moi ? Non ! Personne n’en veut à un pauvre homme comme moi. Je n’ai ni argent ni malice, tout le monde me laisse tranquille… Mais je vous dis ce que je sais. J’ai vu la Zinovèse périr son âne sous les coups. Faire du mal aux bêtes qui sont bonnes, ça me fait du mal à moi ! Tenez, voilà mon cheval de droite que, si je le battais, je le ferais pleurer comme une personne ! Et croyez-vous que c’est bien de faire souffrir un animal qui a du cœur ?

— Et l’âne de la Zinovèse, est-ce qu’il pleurait ?