Page:Sand - Tamaris.djvu/132

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dis et ne me nommez pas, car la brigadière pourrait bien me le faire payer plus cher que cent sous !

Marescat étant un excellent homme, je crus devoir prendre son avis en considération, et je promis d’avertir la Florade le soir même.

Comme je descendais de voiture à l’entrée de la petite terrasse de Tamaris, j’eus comme un éblouissement en voyant la Florade en personne vis-à-vis de moi, à l’autre bout de cette même terrasse. Il avait été voir Pasquali pour connaître le résultat de sa conférence avec mademoiselle Roque ; il s’en retournait à pied par la Seyne avec Pasquali. La marquise, en voyant passer son voisin, l’avait appelé pour lui dire bonjour. Elle échangeait avec lui quelques mots à travers la grille du rez-de-chaussée. La Florade se tenait à distance respectueuse. Je ne sais si elle le savait là ou si elle remarquait la présence d’un étranger : mais il la voyait, lui, et, à travers le buisson d’arbousiers, il la contemplait avec tant d’attention, qu’il ne me vit pas tout de suite. Toutes les furies de la jalousie me firent sentir instantanément leurs griffes. Je n’avais jamais aimé, et j’avais trente ans ! Je feignis de ne pas l’apercevoir. Je saluai rapidement Pasquali et j’entrai brusquement dans le vestibule, comme si j’eusse voulu défendre la maison d’un assaut.

En me voyant, la marquise exprima une vive satisfaction et dit à Pasquali :